samedi 2 juin 2012

La compensation, le carburant et le marocain


                La nouvelle est annoncée le soir, à quelques heures de son entrée en vigueur : Les prix d’essence et du gasoil  connaitront une augmentation. Vous devrez désormais débourser deux dirhams de plus pour le litre d’essence et un dirham de plus pour le gasoil.

                Jusqu’à présent, la caisse de compensation a joué le rôle de garde-fou pour la grogne sociale en subventionnant le sucre, la farine, le carburant et le butane. Cependant, le coût de ces subventions est bien trop élevé, surtout dans un contexte mondial de crise. L’année dernière, ladite caisse a dévoré la coquette somme de 52 milliards de dirhams. De par sa situation, ce gouffre a toujours sollicité une réforme urgente afin de calibrer ses dépenses, chose que le gouvernement Benkirane affirme entamer dans les prochaines semaines.

                La couleur de cette réforme vient donc d’être annoncée : l’augmentation des prix en sera le pilier apparemment. Najib Boulif, ministre des affaires générales et de la gouvernance a récemment affirmé  que la taxe sur la richesse ne sera pas adoptée. Le prétexte est une « anxiété » vis-à-vis de la fuite des capitaux et des investissements … Argument qui cache l’incapacité totale du gouvernement Benkirane à instaurer cette taxe. Encore faut-il qu’il ait l’autorisation et la bénédiction du vrai centre du pouvoir : la monarchie et ses conseillers.

                Mais si l’on ne peut pas taxer le riche à cause de son pouvoir et de son lobby, si l’on ne peut pas stopper les mastodontes de la rente et qu’on vient de consommer 80% des 32 milliards alloués à la caisse de compensation au titre de cette année, qu’allons-nous faire ?

                La solution est facile, tournons-nous vers l’ « homo pauvrilus », le pauvre. Augmentons les prix et laissons le payer, lui au moins il est impuissant. S’il lance ses griefs, il n’aura qu’à tendre ses bras vers le ciel et prier le divin. C’est la formule conseillée par l’honorable chef du gouvernement en personne. Sérieusement, sachant que 90% des subventions du gasoil vont au transport en commun ou des marchandises, cela induira une hausse des prix des denrées nécessaires au citoyen marocain. Son pouvoir d’achat se verra encore réduit à la quelques semaines du Ramadan, mois où les fluctuations du prix des tomates deviennent le premier souci de millions de marocains. Les chauffeurs des petits et grands taxis se verront eux aussi contraints d’encaisser cette augmentation.

                Délaissons cela et jetons un regard plus profond sur les dédales de cette caisse. L’un des exemples les plus flagrants de son dysfonctionnement est la subvention réservée au butane. Avec la subvention, le marocain débourse 10 dirhams et 41 dirhams pour les bonbonnes de gaz au lieu  de 31 et de 123 dirhams. Cela est parfait me diriez-vous, mais seulement jusqu’à ce qu’on sache que 82% de ces subventions vont nécessairement aux entreprises et aux riches. Certains ont délaissé l’usage du propane non subventionné au profit du butane. Avec le montant énorme de la subvention, vous pouvez imaginer l’augmentation qui résulte sur la marge du gain.

                Bref, ne nous étonnons guère. Car comment pourrait-on demander à un gouvernement qui échoue lamentablement dans l’affaire des cahiers des charges et qui se rétracte à publier la liste des grands rentiers du Maroc d’instaurer une taxe sur la richesse et de réformer courageusement ce système de compensation ? D’ici-là, l’ « homo pauvrilus » continuera à encaisser … jusqu’à un jour.

9 commentaires:

  1. ça fait vraiment réfléchir . Surtout les prix incontrôlables , et ce qui attire l'attention en tout ça c'est le pouvoir d'achat de la classe moyenne qui diminue d'année en année.Si ça continu ainsi, les disparités sociales seront énormes et surtout avec cette situation économique abandonnée au Maroc on risque vraiment de reculer au lieu de progresser. Espérant que le nouvel gouvernement le pense mieux que l'ancien.C'est vraiment triste quand t on accroche tout notre espoir sur un parti dans le vœux de changer en moins ce qui est possible alors que ce dernier se montre incapable de prendre une décision rationnelle!

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  2. Chapeaux pour l'article Mehdi vraiment parfait !! continue cher ami

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  3. Ce qui me fait mal c'est que le soir même de cette augmentation ;
    notre deuxième chaine tv nationale diffuse un show live sur des caftans a 100 000 Dh. Indécent et fourbe.

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  4. Intelligenti Pauca... limiter l'analyse à un fragment de la politique gouvernementale c'est faire preuve de mauvaise foi ou de manque de vision d'ensemble...
    Normal d'augmenter les prix des produits trop longtemps (et très mal?) subventionnés... Les précédents gouvernements n'avaient jamais osé le faire, l'actuel est tenu de rattraper ça. Pour rappel, le litre d'essence coutait 10 dhs alors qu'en Espagne ou en France il s'établissait à près de 15 dhs... De plus l'Etat est en quasi faillite! Il devenait urgent d'agir.
    Ensuite, l'augmentation de l'IS sur les grandes entreprises, l'augmentation de la vignette sur les grosses cylindrées, l'augmentation des frais de première immatriculation sur les véhicules de luxe.... vont dans le sens de "faire davantage payer les riches"...
    Il n'est pas honnête d'occulter ça.

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  5. J'aurais espéré que l'analyse d'un futur ingénieur serait plus fine : or, je vois qu'elle reprend les arguments que l'on entend au café du coin ou que nous débite n'importe chauffeur de taxis! C'est dommage! Parce que il y a des tonnes de remarques pertinentes à faire sur le sujet : je ne les ferais pas de peur de ne pas être compris.

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    1. il faut etre fine pour voir et ecrire une analyse fine.
      la finesse ca s 'apprend, vient avec le temps et l'experience.
      c'est comme la sagesse, plus on est vieux, plus on devient sage
      un peu de patience et tu lira dans le futur proche aussi bien que loitain des analyse plus fine que fine.

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  6. En ces temps de disette de la blogoma, il est bon de lire des billets comme le tien!

    Cela ne veut pas dire que j'en approuve le contenu, ni que je sois complètement en opposition avec ce que tu avances. J'ai moi-même essayé de donner mes impressions rapides sur cette hausse des prix des carburants liquides, intempestive, même si elle est nécessaire.

    Je me permets de remarquer qu'il manque tes réponses à certains commentaires qui semblent assez judicieux.

    Les réponses aux commentaires font vivre les blog : reçoit cette observation comme un conseil d'un bloggueur vétéran.

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  7. Bonjour
    Mais qui ce que tu penses, comment on peux sortir de notre quasi faillite
    on n est ni un pas industriel ni un pétrolier.Nous vivons sur les dons des autres.
    Et l état vive sur les impôts.
    pas d impôts pas d état fort
    Alors la solution c est facile : taxer les citoyens.comme ça les caisses se remplirons et si tout marche bien on s' en sortira
    merci et a bientôt

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