Ceci est une réponse adressée à un certain camarade de l"institut assez optimiste envers la situation :
Par cette douce nuit et une belle insomnie qui nous tient tous les deux, tu viens de lancer une des plus belles discussions qu'on puisse avoir, je devrais te remercier pour cela, moi qui cherchais en vain des intéressés au sein de l'institut !
Bien, j'essaierai de rétorquer différemment en suivant d'une certaine façon tes arguments.
A mon humble avis, on est loin au Maroc de la philosophie Gandhiste et de ses fondements sur la désobéissance sociale. Ce qui règne plutôt, c'est un certain désintérêt complet, flagrant et dangereux : le citoyen lambda tout comme l'élite n'accordent guère -dans la majorité des cas- de l'importance au climat médiatique et politique du pays, ce que je trouve être une des plus grandes calamités de notre société dans ces temps-ci.
Les syndicats, les partis et les instances politiques sont quasiment corrompues et aisément manipulées par les teneurs du pouvoir, enfin du vrai pouvoir ...
Du jour au lendemain on entend que des rixes ont éclaté entre ces deux partis, parce que celui-ci n'a pas valorisé le travail de l'état, ou parce que tel porte parole a fait des insinuations douteuses ...etc. Enfin le genre de discussions futiles et qui ne mènent à rien, créé pour mouvementer a scène politique et y créer de "l'action", ni plus ni moins.
Les vrais problèmes sont écartés de l'équation, qu'en est-il de l'analphabétisme, du chômage, de la pauvreté, des écarts sociaux frappants entre les citoyens...
Je ne nie guère que le Maroc a connu un certain développement surtout avec l'accord de l'importance à nos infrastructures. N'empêche qu'on n'a fait les choses qu'à moitié : La capitale économique du pays a-t-elle besoin d'un Morocco Mall ou de bons égouts pour desservir les eaux usées ( les dernières intempéries en disent tout)... a-t-on besoin d'un TGV, sachant que le sud du Maroc attend que les rails du train y soient installés depuis 1975 selon les dires du précédent roi ... moult exemples comme ceux-là existent un peu partout au Maroc. Bref, on vise le superflu, on s'endette pour le réaliser, on le paie avec la peau des fesses, pour qu'une infime minorité puisse s'en servir et surtout pour donner l'image d'un Maroc qui peut rivaliser avec les états de l'UE.
L'autre point noir de ce nouveau Maroc, c'est la liberté d'expression, qui n'a pas eu la même chance que les infrastructures.
Elle est en constant recul, des embargos économiques des plus sournois sont établis sur les journaux qui différent de l'opinion du Makhzen : "Le Journal", "Aljarida Aloula"et "Nichane" figurent parmi les victimes de cet empressement médiatique entamé par la puissante machine du Makhzen qui fait son travail d'une des plus excellentes manières. Certes je ne serai pas d'accord avec tout ce qui était dit dans ces journaux condamnés, mais la liberté d'expression exige qu'on laisse s'exprimer toutes les opinions sur pied d'égalité.
Venons-en à l'opposition, la vraie opposition qui existe au Maroc est "aladl wa alihsane" et "nnahj dimocrati". L'une à fondements islamistes, l'autre à idéologie marxiste. Toutes les deux sont désuètes, irréalistes et ne conviendront jamais à la société marocaine à mon humble avis. Les autres partis qui se déclaraient dans l'opposition ont depuis longtemps perdu leur ferveur et leur engagement. Leurs chefs se sont enrichis et se sont tus, le passé du porte-parole du gouvernement marocain et du maire de Rabat en illustre un bon exemple !
Certes à voir mon mur, les infos que je publie reflètent un caractère rebelle et insatisfait, je ne le nie guère. Mais j'essaie de rechercher l'information brute et d'en juger moi-même selon mes modestes opinions, ce que je peux faire pour l'instant c'est afficher mon mécontentement envers ce qui ne me plait pas dans mon pays. Je suis sur qu'on a le même amour pour notre patrie, mais chacun l'exprime à sa façon ! Qui aime bien châtie bien comme disait le vieil adage.
On est largement meilleurs d'une bonne partie des pays de l'Afrique, mais j'espère que tu excuseras mon avidité à ce que le Maroc devienne le meilleur -est de loin- du continent et des pays arabes.
Je ne peux pas être seulement satisfait, je veux être heureux et fier de mon pays et de mes compatriotes. Et ma façon de faire c'est de dire voilà ce que me dérange au sein de notre pays. C'est un certain optimisme -voire utopie- enveloppé d'un zeste de réalisme plus que du pessimisme.
Je n'incite pas à la révolution et au vandalisme pour qu'on se fasse écouter. Cette voie ne mènera à rien. Mon problème majeur c'est le désintérêt des citoyens. Je t'offre un exemple : Le jeune qui s'est immolé à Sidi Bouzid en Tunisie a déclenché tout un ahurissement au pays, tandis que quelques mois auparavant, des jeunes cadres chômeurs ont fait la même chose devant la porte du parlement, et quelle était la réaction ? on se foutait d'eux, on disait qu'ils avaient perdu la boule et qu'ils n'étaient plus satisfaits de la situation. "kanou i7emdou llah wiguelsou"... Je te laisse juger de la réaction la plus rationnelle ...
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