La vague du printemps arabe a
apporté plusieurs changements au sein des pays concernés. Un changement tant
attendu par les citoyens du monde arabe. Certains pays ont vu leurs régimes
s’effondrer, d’autres ont mené des réformes plus atténuées tandis que certains
ont su résister aux prémices d’un soulèvement populaire. Le Maroc figure parmi
les pays qui ont été submergés par cette soif de démocratie, mais la monarchie
marocaine a su concocter la réponse qui lui convient aux requêtes formulées par
le mouvement du 20 février, mouvement ayant guidé ces aspirations au
changement.
Avant de se lancer dans une
réflexion sur cette monarchie, attelons-nous à mieux la définir et à cerner ses
caractéristiques. Un premier regard nous amène à constater que c’est une
monarchie couteuse, bien couteuse. Le projet de loi de finances pour l’année
2013 consacre la modique somme de 2.576.769.000 MAD pour le palais royal.
Divisée par les jours de l’année, ce chiffre se mute en la valeur de 7 millions
MAD issus de l’argent du contribuable marocain et alloués quotidiennement et
directement au palais royal. Ce montant arrive à tripler, voire à quadrupler le
budget alloué à certains ministères au sein de ladite loi de finances. Jusqu’à
présent, aucun parlementaire n’a osé discuter cette somme. La rubrique royale
se retrouve toujours validée à la vitesse de l’éclair durant les sessions du
parlement marocain.
Pour un pays dont l’indice de
développement humain est le 130ème sur le plan mondial, dont 40% des
habitants sont encore analphabètes et où le quart de la population vit sous le
seuil de la pauvreté, ces deniers auraient définitivement trouvé un meilleur
usage.
En plus de détenir une part
conséquente dans la répartition de l’argent du contribuable, la monarchie
alaouite contrôle incontestablement les rênes de l’économie marocaine. L’outil
est une redoutable composition inextricable de holdings dont la plus connue est
la fameuse SNI, société nationale d’investissement. Rien qu’énoncer son nom
fait frémir et rétracter les entrepreneurs les plus aguerris du pays. Cette
holding détient le monopole des secteurs économiques les plus importants du
Maroc. Après une fusion et réorganisation de ses filiales entamée deux ans
auparavant, cette holding commence à céder l’industrie des huiles, des produits
laitiers et de la biscuiterie afin d’investir dans le secteur des énergies
renouvelables et des nouvelles technologies. Le monopole du consommable est
délaissé au détriment du pérenne, plus alléchant et produisant des marges de
gain plus attractives. Miloud Chaabi, le marocain le plus riche selon le
dernier classement de Forbes a lancé à maintes reprises des critiques
sulfureuses vis-à-vis du manque de transparence dans certaines affaires où des
intervenants proches du palais prenaient part.
La monarchie marocaine possède à son
titre maintes terres agricoles fertiles, faisant d’elle le leader national de
ce secteur qui rapporte des gains immenses à ses investisseurs. Surtout
lorsqu’on sait que l’agriculture marocaine est exonérée d’impôts et bénéficie
de subventions bien attirantes.
Cet aspect d’hégémonie économique et
financière ne pouvait prendre lieu si la monarchie n’avait pas la capacité de
faire la pluie et le beau temps au Maroc. Le roi reste en effet le décideur
incontestable du pays. Le régime a procédé durant l’année dernière à une
réforme constitutionnelle. Une campagne médiatique féroce a été menée par le
régime pour vendre les mérites de la nouvelle constitution, certains sont allés
jusqu’à déclarer qu’elle entamait l’ère de la nouvelle monarchie alaouite. Un
black-out médiatique a été mené en parallèle pour contrecarrer les appels au
boycott de la « constitution octroyée », thème disputé entre la
monarchie et ses opposants depuis plus d’un demi-siècle. La constitution fut
adoptée à un score Brejnevien.
Des élections législatives
anticipées furent organisées. Ces dernières donnèrent victoire au parti de la
justice et du développement, parti islamiste d’opposition accédant la première
fois au gouvernement. Au gouvernement, non au pouvoir. Bien des espoirs furent
nés, mais se dissipèrent à la vitesse de la lumière. Dès son premier chantier,
une simple réforme des cahiers des charges des médias publics, un tapage médiatique
incontestable fut soulevé. On a vu des subordonnés des ministres faire les
rebelles et donner des déclarations à l’encontre de ce chantier sans être
dérangés. Un « arbitrage royal »
s’imposait dès lors. Juste après les cahiers des charges furent octroyés
à une commission présidée par le ministre de … l’habitat !
De nombreux épisodes se succédèrent
dès lors : Une hausse bien impopulaire des prix des carburants afin
d’alimenter les caisses de l’état, la taxation des riches fut abandonnée à la
vitesse de l’éclair sous prétexte de faire fuir les investisseurs, silence
radio sur le plus grand festival du pays que les islamistes dénigraient autrefois
à l’opposition, le chef du gouvernement présentait ses « excuses » au
roi et à ses conseillers, le ministre de l’enseignement supérieur veut en finir
avec la gratuité dudit enseignement, une ligne de crédit record de 6.2
milliards de dollars fut ouverte auprès du FMI et le chef du gouvernement dit
souffrir des « crocodiles et démons » qui l’empêchent de réformer. Il
devient ainsi la risée des journaux qui suivent chacune de ses déclarations,
trop spontanées et non mesurées pour un leader politique. C’est ainsi que ces
mesures ne font que participer à la chute de popularité du gouvernement à une
vitesse frénétique.
Une lecture de la nouvelle
constitution nous amène à tirer la conclusion amère que la « monarchie
constitutionnelle, démocratique, parlementaire et sociale » telle que
définie dans le premier article de ce contrat social ne reste qu’une monarchie
absolue camouflée avec des institutions bien impuissantes. Aucune décision ne
peut être contradictoire avec les envies et caprices de la monarchie, si petite
soit-elle. Abdelilah Benkirane, chef du gouvernement affirme avec ferveur et
par ses actes qu’il ne peut confronter le roi et que l’évolution du pays ne
peut se faire que dans l’entente entre gouvernement et monarchie. La récente
visite du roi au pays du Golf a illustré encore une fois le pouvoir des
conseillers de sa majesté. Conseillers qui constituent ce que l’opposition
appelle « le gouvernement d’ombre », celui de façade ne servant qu’à
encaisser la ferveur populaire. Les chaines officielles relatent toujours les
simples visites royales telles des épopées d’Ulysse, consacrant ainsi l’image
d’un roi bienveillant et d’un gouvernement incompétent.
Cet aspect de monarchie salvatrice
est accompagné par une forte symbolique créant la controverse au sein de
l’opinion publique. Entre des baisemains considérés comme le salut respectueux
au monarque, des prosternations bien humiliantes des commis de l’état durant une
cérémonie d’allégeance datant du moyen âge et des foules
« galvanisées » pour accueillir le monarque à chacun de ses
déplacements. Bref, un cérémonial prestigieux où la monarchie étale sa
puissance et son pouvoir suprême, où elle transmet le message qu’elle est
l’épine dorsale de ce Maroc. L’opposition est quant à elle balbutiante,
désorganisée et manque sévèrement de leaders charismatiques. Entre de timides
communiqués, des prises de positions bien hésitantes et des joutes verbales
avec le gouvernement, l’essentiel est ainsi toujours écarté.
Avec ce portrait, un arrêt s’impose.
Avec ces données dressées, de nombreuses questions se posent. La forme actuelle
de la monarchie contribue-t-elle au développement du pays ? Ce
développement, figure-t-il tout d’abord dans ces objectifs ? Est-elle
dotée d’un sens de nationalisme et de patriotisme à l’égard des marocains
qu’elle considère des sujets et non des citoyens ? Est-elle prête à
lésiner sur les moyens dans une conjoncture de crise où s’entête-elle à garder
le même train de dépenses ? Est-ce le coût d’une présumée stabilité
sociale et économique du pays ? Les marocains ne méritent-ils pas mieux, ne
veulent-ils pas mieux ? Qui rendra les comptes des politiques publiques, un
chef de gouvernement sans pouvoir ou un roi dont la personne est
inviolable ? L’option de monarchie parlementaire ne serait-elle pas la
plus adéquate pour le Maroc ?
Quoi qu’il en soit, je pense que
l’état actuel du Maroc ne fait qu’alimenter le compte à rebours d’un changement
drastique. Vers quelle voie et dans quel laps de temps ? À vous de me le
dire …
Bonsoir, vous dîtes que l'opposition est incapable, mais à côté de ça, vous préconisez une monarchie parlementaire ???? Et donc, qui dirigera la vie politique du pays ? De plus, vous parlez du mouvement du 20 fevrier, soit disant mouvement populaire, mais il faut savoir que ce mouvement a été dès le début phagocyté par les extrémistes d'al-adl wal ihsane, sans eux, le mouvement aurait disparu bien avant. En plus de ça, la succession du référendum et des élections législatives, eut égard au résultats et aux taux de participations, a renvoyé le 20 fevrier à son vrai niveau...C'est-à-dire pas grand chose. Maintenant, vous qui vous dîtes démocrates, quelle est la définition de la démocratie ? La base même d'un régime démocrate est la stabilité de ce-dernier, or force est de constater que la monarchie est très stable et est soutenue par la majorité du peuple marocain. De plus, des changements radicaux ont pu être observé depuis la montée au pouvoir du gouvernement islamiste de Benkirane donc de là à dire que ce-dernier n'a aucun pouvoir, c'est faux, il est juste à la tête d'un gouvernement incompétent qui va causer la perte de notre pays si ça continue comme ça. Maintenant, simple comparaison, regardez la tunisie et le maroc, actuellement, les choses vont mal, très mal en Tunisie, la situation se détériore de jours en jours, ils ont voulu la démocratie, ils ont remplacé la peste par le choléra, au Maroc, on a la chance d'avoir un roi qui apporte la stabilité, la paix, et la modération donc respectons cela, les peuples arabes ne sont pas près pour avoir un total pouvoir entre les mains, laissons le temps faire les choses et peut être qu'un jour, toute cette utopie deviendra réelle, mais nous ne seront plus là pour voir ça, mais en attendant, pour le bien du Maroc, laissons la monarchie en paix et ésperont qu'elle vivent le plus longtemps possible
RépondreSupprimerCommencez ta réflexion par son cout montre que ta réflexion est biaisée! Dommage, j'aurais voulu continuer à lire mais je n'aime pas la mauvaise foi intellectuelle!
RépondreSupprimerTu attends un changement pour ce pays : mais tu en oublies l'histoire, la structure sociale et les aspirations de son peuple.
En fait ton billet, c'est de la politique à deux dirhams, juste pour la galerie!
Dommage pour quelqu'un qui semble être un brillant étudant!
Merci pour vos conclusions hâtives, demandez aux citoyens qui ont faim, qui ont froid, qui n'ont pas de quoi soigner leurs enfants. Demandez à ceux qui sont sous le seuil de pauvreté et vous verrez ce qu'est le "cout".
SupprimerVotre commentaire, c'est des paroles à deux sous.
Vous n'avez même pas lu l'article et vous commencez à tirer vos conclusions.
Je vois la couleur la diversité que vous criez dans votre café ... Quant à moi je ne sens aucun regret à votre égard.
Il aurait été préférable de discuter l'article et non ma personne. Ce n'est pas à moi de vous apprendre les préceptes.
Quoi qu'il en soit, vous êtes le bienvenu sur mon blog.
Dans un premier temps, tout d'abord, je ne me permet pas de vous tutoyer donc j'attendrais la même chose venant de votre part, merci. Puis, je n'oublie ni l'histoire de ce pays qui vient appuyer la thèse qui dispose que le Maroc et la monarchie sont indivisible, unis, maintenant, la structure sociale du Maroc : eut égard au statut de la monarchie et du roi, nous la pourrions considérer comme la clef de voûte des institutions, le pilier de l''ordre social. En ce qui concerne les aspirations du peuple marocain, toute idée de démocratie,... me semble t'il bien loin de ses pensées premières. Après, je pense que vous pourriez bien penser, mais malheureusement des élements essentiels font défaut pour pouvoir qualifier votre raisonnement de non faussé. Personnellement, je n'adhère pas à votre théorie comme vous l'avez pu le remarquer mais j'ai pris le temps de vous lire entièrement pour pouvoir analyser vos dires et ensuite, l'aigreur ne mène à rien, et, au lieu de faire des attaques personnelles, qui sont souvent le signe d'un malaise, essayez donc de débattre sur les idées, c'est vachement plus intéressant et stimulant pour chacun d'entre nous, mais, lorsque vous avancez une "thèse", il est préférable de la justifier, je cite "mauvaise foi intellectuelle" mais en quoi ? "politique à deux dirhams, juste pour amuser la galerie" pourquoi ? Vous avez l'air de vous intéresser à des sujets primordiaux mais malheureusement, ce côté ultra-moralisateur et bien pensant, signe d'une jeunesse marquée par des visions utopistes innatégniable de la vie dégrade fortement la qualité de votre article...
Supprimerje disais toujours que les éléments rares sont trop chers ,bonne chance mon ami! ,dommage pour ceux qui sont enfermés dans une boule et qui ne savent même pas l'état actuel du Maroc . rappelez vous que ''c'est facile de critiquer ''.Quand je lisais ce que POLITIS a écrit j'ai compris que il y'a pleine de gens qui jouent le rôle d'un suiveur ... des coutumes gravées , des trucs simples qui servent a rien, la majorité ...mais c'est normale car ils sont manipulés, inculqués ..soit par les médias , à l'école , par des gens ...||| soyez un peu réalistes |||
RépondreSupprimerLa forme actuelle de la monarchie freine le développement du MAROC elle est responsable de la situation catastrophique du pays et des citoyens c'est une monarchie absolue qui controle tout les secteurs et groupe les trois pouvoirs dans ces mains constituant ainsi un régime fondé sur le despotisme .avec tout ce pouvoirs reservé au roi dans la constitution ce dernier demeure hors zone de questionnement.les élections ,cette piece de théatre,nous donne des gouvernements sans force incapable de décider dans le sort du pays et dans ses choix stratégiques c'est une constitution démocratique que les marocaines veulent avec un roi qui règne et ne gouverne pas, une séparation claire et nette des pouvoirs,et une liberté d'expression garantie.
RépondreSupprimerje ne suis trop bavard, mais j'estime que votre analyse est correcte,je suis une victime de ce système et je suis témoin de ce que disent les sceptiques,alors que c'est prouvé par la réalité vécue par moi et le reste des démunis de ce pays
RépondreSupprimerBravo Mahdi pour votre analyse. Vous faites un bon constat des choses...Au final, rien ne change. Le Maroc vit au-dessus de ses moyens et dommage qu'a l'heure des crises européennes on ne prenne pas un changement de cap.
RépondreSupprimerMerci gma Mahdi pour ton analyse que je trouve très pertinente. Il est bien que tu aies posé toutes ces questions à la fin, mais qu'elles soient sans réponses laisseront d'autres répondre par d'autres options que celle à laquelle tu insinues..
RépondreSupprimerEn tout cas, ton effort est louable, en attendant de nouveaux billets :)