Afin de couronner l’ère de la
nouvelle constitution et de mettre en exergue nos avancées exceptionnelles en
terme de démocratie, notre Etat a n’a pas lésiné sur les moyens :
emprisonner l’un des journalistes des plus intègres et des plus courageux de ce
pays, Ali Anouzla. Ce dernier a été arrêté d’une manière
hollywoodienne sous le prétexte de diffusion d’un message terroriste d’AQMI.
Voyons cela de plus près : joindre
à un article un lien vers un journal espagnol contenant ladite vidéo a été pris
pour un acte de louange pour le terrorisme. Avec ce raisonnement, les locaux
d’Al Jazeera devraient être saisis, les journalistes de la BBC arrêtés et le
directeur de la CNN limogé. Tous ces médias ont diffusé à plusieurs occasions
des messages et enregistrements émanant d’Al Qaïda ou d’autres organisations
terroristes. Informer n’a jamais été synonyme de galvanisation et d’incitation
au terrorisme, sauf au plus beau pays du monde.
Si la volonté de l’Etat marocain
était de restreindre la diffusion de ladite vidéo, il aurait pu avoir recours à
des moyens plus intelligents et plus discrets afin d’arriver à ce dessein. À
l’ère de PRISM et autres mécanismes de surveillance et de censure, la tâche
aurait pu être bien plus facile. L’arrestation d’Anouzla a au contraire mis la
lumière sur ladite vidéo et cette dernière aura été visionnée mille et une fois
depuis l’annonce de l’arrestation.
Parfois, il faut arrêter de se
mentir. Anouzla a toujours été invité aux commissariats et aux tribunaux à
cause de son engagement et de ses éditos sans concession. Cette affaire est une
manipulation sournoise pour le faire taire, éclipser le site d’informations
Lakome et aviser les autres journalistes qui oseraient s’attaquer au vrai
centre du pouvoir : la monarchie.
Car il a critiqué avec courage et
sincérité le despotisme et l’anarchie de ce pays, car il a mis le doigt sur le
budget faramineux du roi, car il a dénoncé son absence et car il a suivi de
près les gourdes du makhzen, on l’a arrêté. C’est parce que Lakome a réalisé un
excellent travail journalistique lors de l’affaire du pédophile espagnol qu’on
l’a taxé de terroriste. Et l’on vient après crier à ce que justice soit faite. La
justice de l’affaire des primes de Mezouar ou celle de l’affaire
d’Alouia ? Une justice de deux
poids, deux mesures …
Autre fait marquant, mais
attendu : À la vitesse de la lumière, certains partis lépreux sont sortis
avec des communiqués rodés dans le jargon de l’insulte et de la traitrise à
l’égard du journaliste. Où était cette hyperréactivité lors de l’affaire de la
grâce au pédophile ? Moujahid, certains journalistes et d’autres sbires du
makhzen n’ont pas tardé à leur tour pour fustiger « l’incitation au
terrorisme » … Mais cela ne fera qu’honorer Ali et appuyer son intégrité.
Oui, Anouzla est un terroriste. Un
terroriste qui puise sa plume dans l’encrier de la dignité pour dénoncer le
vrai terrorisme pratiqué par l’Etat à l’égard de ses « sujets ».
Appauvrir les marocains, les distraire avec des politicards, dilapider leurs
deniers publics et mener des politiques désastreuses tout au long des dernières
années. C’est cela le terrorisme.
Bref,
libérez Ali.
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