Je tiens tout d’abord à remercier ceux qui ont lu mon dernier article et ont réagi soit via des encouragements ou des insultes. Dans les deux cas, cela faisait chaud au cœur.
Après une guerre médiatique et moult diffamations menées par le makhzen, le 20 février a eu enfin lieu. J’ai assisté aux manifestations pacifiques qui ont eu lieu à Rabat, où les marocains présents ont fait preuve d’un civisme et d’un engagement hors du commun. Il n’était plus question de factions, de partis, ou de références idéologiques. Les citoyens scandaient avec ferveur leurs requêtes légitimes devant le parlement. C’était une journée où j’étais fier d’être un marocain et d’appartenir à cette patrie.
Des milliers ont répondu à l’appel du 20 février, tandis que des millions sont restés dans leurs demeures, de peur, de désintérêt ou pour des raisons plus futiles les unes que les autres …
Cependant, certains sauvages - permettez-moi d’utiliser ce terme – ont usé de l’occasion après la fin des manifestations pour donner libre cours à leurs instincts destructifs et animaliers … des actes de vandalisme ont eu lieu dans plusieurs villes du royaume, des corps calcinés ont été retrouvés dans une banque à ElHoceima selon les déclarations du ministre de l’intérieur.
Le droit de manifester pacifiquement est garanti par la constitution marocaine et les participants ne peuvent être tenus conjointement responsables des déviations d’une bande en particulier et surtout après la fin des sit-in et des marches pacifiques.
Une question se pose sur le retrait des forces de l’ordre et leur disparition, un facteur qui a encouragé ces bandes d’adolescents et de délinquants à perpétrer ces pillages et ravages insensés.
Où étaient passées les cohortes de policiers ? Aviez-vous jamais vu Gueliz, le cœur vaillant de Marrakech sans forces de l’ordre ? Si c’était le Festival International du Film de Marrakech ou la WTCC, cela aurait été une autre histoire parce qu’il aurait fallu protéger le petit touriste qui vaut mieux que le citoyen marocain …
Les opposants aux jeunes du 20 février ont essayé de mettre ces actes qui ne relèvent ni du patriotisme ni des mœurs marocains sur notre dos : Si vous n’étiez pas sortis, rien ne se serait produit … si vous étiez restés dans vos maisons, on n’arriverait pas à cela … on n’a pas besoin de réformes, tout est bien dans ce pays, quittez-le s’il ne vous plait pas …
Oui messieurs, rien ne se serait produit si nous n’étions pas sortis, quasiment rien. Ne vous attendez pas à ce que le régent se réveille dans une belle matinée ensoleillée et mène des réformes constitutionnelles, économiques et sociales dans le pays. Continuez votre mutisme et restez dans votre petit coin à critiquer et à vous trouver des raisons plus frivoles les unes que les autres. C’est la meilleure façon pour réaliser le changement, vous qui avez laissé les matchs du Barça et les chansons de Haifa pour devenir des analystes politiques expérimentés du jour au lendemain détenteurs de la vérité absolue avec vos théories de conspiration et autres idioties.
Notre amour pour cette patrie est partagé certes, mais c’est les façons dont se manifeste cet amour qui diffèrent. Reste à choisir les expressions les plus bénéfiques de cet attachement pour le Maroc. Est-ce dormir, rester inconscient de la situation politique, insulter les jeunes du 20 février qui aidera ce pays à se développer ? À vous de me répondre.
Les milliers qui ont assisté ont transmis un message clair aux autorités : c’est le temps du changement. On a assez de cette stagnation, de cette langue de bois et de ces promesses non tenues.
Cependant, je vous le dis clairement, le mouvement a échoué.
Il a échoué parce que le peuple a développé un état très avancé du syndrome de Stockholm. La plèbe est devenue tellement habituée à la servitude, aux mascarades politiques, aux jubilations de la télévision makhzanienne et au bon goût du pain qu’il a oublié celui de la dignité et de la liberté … Les élections et le parlement bicaméral qui sont en réalité des façades cachant un système délabré et pourri sont devenues l’image qu’on sert aux autres pour dire qu’on est une démocratie.
Un peuple inondé par l’analphabétisme et submergé par la propagande le privant de toute clairvoyance, voilà ce que nous sommes. Ne vous inquiétez pas, le temps où vous verrez une nouvelle constitution n’est pas arrivé et risque de ne jamais arriver.
On doit avouer un constat : la proportion des sauvages parmi les marocains est la plus élevée parmi les peuples. On a assisté à des révolutions et non des manifestations dans les pays voisins où le système engageait des vandales pour détruire le pays. Chez nous, ils étaient spontanés. Ils n’avaient guère besoin d’être payés ou d’attendre une révolution pour détruire le pays. Ceux qui insultent les jeunes du 20 février ne peuvent nier que ces gens là font partie des marocains, une bonne partie d’ailleurs. Est-ce que ce n’est pas la pauvreté, l’analphabétisme et la carence de l’attention assurés par le makhzen qui ont donné ce produit ? Allez trouver une solution à ce cercle vicieux …
Les prétendus organisateurs commençaient à se chercher la célébrité même avant le début des manifestations. Chacun se prenait pour le porte-parole de la jeunesse marocaine et voulait jouer le rôle du sauveur de la patrie juste pour avoir balbutié quelques phrases dont il ignorait le sens dans une vidéo qui a parcouru la toile.
Des jeunes complètement coupés de la réalité ayant pris goût aux caméras et à la récitation de textes rédigés à l’avance se sont permis de prendre la parole et de nous représenter, nous les jeunes marocains. Mais qui vous a permis de parler en notre nom ? Vous ai-je mandaté pour parler à ma place ?
J’ai défendu les requêtes du mouvement parce qu’elles étaient légitimes et je défie un seul citoyen de me dire le contraire. Mais ni le peuple, ni ceux qui se sont pris pour leaders n’ont servi le vrai esprit du mouvement, au contraire ils n’ont fait que les défigurer chacun à sa propre façon.
Sachez que je défendrai encore et encore ses requêtes à ma façon, via ma plume et que je tiens à un Maroc meilleur, un Maroc qui soit digne des grandes nations, mais cela ne risque pas de venir du jour au lendemain.
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