Après la Tunisie, voici le tour au peuple égyptien qui a su enfin se délivrer de l’emprise du pharaon Mubarak sur le pays pendant trente longues années. L’effervescence de la liberté, le refus de l’oppression et surtout l’abandon de la peur étaient les catalyseurs de cette désobéissance civile qui a porté ses fruits.
Quant au Maroc, certaines prémices commencent lentement à faire leur apparition. Parmi elles le mouvement du 20 février qui a débuté à faire couler de l’encre concernant ses requêtes et sa façon d’œuvrer.
Ce mouvement initié par des internautes marocains demande d’instaurer une monarchie parlementaire, d’entreprendre des réformes constitutionnelles et de reformuler la scène politique marocaine archaïque. Des requêtes élémentaires et nécessaires au paysage politique marocain qui est tombé dans la désuétude pour trop longtemps.
Ceci dit, le Maroc n’est pas l’Egypte ou la Tunisie (malheureusement ou heureusement, libre à vous de choisir). Ce pays a ses propres spécificités qui rendent toute tentative d’amélioration assez délicate à opérer.
La classe moyenne du pays est majoritairement apolitique et égoïste : son ultime dessein dans la vie est d’assurer un salaire confortable, de s’approprier le dernier modèle de voiture à quatre roues motrices, de faire son petit shopping du week-end, de suivre sans arrêt des émissions de téléréalité plus rachitiques les unes que les autres et de régler ses dettes mensuelles faramineuses … Et la patrie dans tout cela ? On n’accorde plus aucune importance aux affaires du pays. Civisme et patriotisme ont depuis longtemps disparu au sein des rangs de cette classe laissant part aux intérêts personnels puérils et sans insignifiance devant la cause nationale.
Chez les plus malchanceux, l’analphabétisme et l’ignorance font foison. Les gens sont amassés dans des bidonvilles démunis de toute dignité où les eaux usées étalent leurs odeurs nauséabondes, et quand vous leur demandez de revendiquer leurs droits ils vous rétorquent : vive le roi ! Sachez que le roi est vivant avec ou sans vos vociférations et que le seul qui puisse changer votre situation est vous-mêmes. Alors prenez votre destin en main et ne vous attendez pas à ce que le préfet corrompu satisfasse vos réclamations.
Avec tout ce désintérêt et cette insouciance, ne vous étonnez pas si les initiateurs du 20 février sont des jeunes assez douteux et qu’on commence à chercher leurs moindres fébrilités pour les étaler dans les journaux makhzaniens. Où sont donc les saints des saints de ce pays qui doivent demander les réformes ? Où est l’élite de ce Maroc ? Qu’en est-il de ces partis politiques qui criaient changement et réformes lorsqu’ils faisaient part de la soi-disant opposition ? Pourquoi ce mutisme assourdissant ? Cessez de nous prendre pour des idiots avec vos théories de conspiration et autres diffamations ...
Montrez-vous alors et menez le combat si vous en êtes digne au lieu de critiquer ces jeunes là. Je diffère personnellement sur beaucoup de points avec les initiateurs du mouvement, mais on s’accorde sur le fait que ce Maroc nécessite un changement. Leurs convictions m’importent peu tant qu’ils réclament des réformes constitutionnelles. Que vous soyez marxiste, islamiste ou bouddhiste ne me concerne pas, ce qui me concerne c’est que vous êtes un marocain avant tout.
Si vous ne voulez pas que la jeunesse marocaine soit représentée par certains profils, alors montrez-vous, vous les jeunes d’aujourd’hui qui aiment tant ce Maroc. Car pour vous dire vrai, j’ai perdu la foi dans les discours des technocrates et des sexagénaires qui revendiquent la sagesse et l’expertise.
Cette patrie n’est pas une mine dont vous épuisez les ressources et volez les richesses pour remplir vos comptes bancaires ou pour vous acheter des demeures luxueuses. On n’a pas besoin d’un diplôme d’études supérieurs pour voir tout le mal que vous causez à ce Maroc.
On n’attend pas l’AFP ou Reuters pour nous chanter que le Maroc est loin des troubles sociaux. Chaque jour on aperçoit de la corruption, on constate que les marocains sont traités comme des citoyens de seconde zone dans les administrations, qu’ils sont brutalisés par les forces de l’ordre et qu’ils subissent une pléthore d’injustices devant les tribunaux …
Le citoyen n’a plus aucune valeur aux yeux de l’état. Il est devenu l’individu qui doit travailler, faire ses prières, réciter les propos du makhzen et chanter que le Maroc est le plus beau pays du monde.
Le pain est-il devenu la seule revendication du marocain ? J’espère sincèrement qu’on ne s’est pas avili à ce point …
Le Maroc n’est pas la Tunisie, encore moins l’Egypte … C’est le Maroc, c’est notre pays à tous avec ses bienfaits et méfaits, et c’est à chacun de nous de choisir ce qu’il veut pour cette patrie … Restez assis et chanter que tout est beau ou bâtissez ce Maroc, le vrai Maroc que nous méritons et qui nous méritera…
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