L’une
des illustrations ayant fait le tour des réseaux sociaux récemment consolidait
encore une fois le concept de l’exception marocaine. On y retrouvait un parallélisme
affligeant entre la Tunisie, L’Egypte et le Maroc. Pour une pancarte affichant
« Ben Ali dégage », Zine El-abidine quitta la Tunisie après 30 jours.
Une autre montrant « Moubarak dégage », cela nécessita 17 jours pour
qu’il le fasse. Quant au Maroc, avec un « Elhimma dégage » et après
290 jours … le roi le nomme conseiller. C’est tout dire.
Cette
nomination fut une surprise inattendue. Après Sahel et Znagui comme
conseillers, vint le tour d’Elhimma. On savait déjà que Fouad était l’ami du
roi, mais de là à lui offrir le poste de conseiller pour cadeau d’anniversaire
et dans le contexte actuel, on ne peut que saluer ces liens d’amitié,
sérieusement.
Rockfeller
dixit autrefois qu’une amitié née des affaires valait mieux qu'une affaire née
de l'amitié. Etant donné que cette amitié entre Elhimma et le roi est l’issue
d’affaires traitant de millions de marocains, là nul doute que les liens sont
incassables, avec ou sans printemps arabe.
Cette
désignation d’Elhimma couronne un ensemble de mesures prises : après la
nomination des 28 ambassadeurs et son caractère anticonstitutionnel [1],
le roi s’entoure d’un cocktail de conseillers qui constitueront le vrai
gouvernement du Maroc. Cependant cette nomination relève du défi, voire de la
moquerie.
Les
réactions des leaders du PJD, parti gagnant des récentes élections, ont été
plus que décevantes. Auparavant, Benkirane n’arrêtait de crier et appeler à
l’éloignement d’Elhimma, il le considérait comme son ennemi juré lorsqu’il
était au PAM. Comble de l’ironie : Le 7 décembre, Benkirane appelait
Elhimma pour le féliciter pour son nouveau poste. Des déclarations du PJD venaient
pour confirmer que c’était la meilleure place d’Elhimma, que c’était l’accomplissement
du « Dégage », que cela allait éclaircir son rôle et que le roi
allait le surveiller et veiller à ce qu’il ne dépasse pas ses bornes … Le
ridicule aura donc été frisé.
Si
l’on revient en arrière, on constatera que cela fait plus de cinquante ans que
la monarchie règne et gouverne avec les mêmes astuces, rénovées de temps en
temps. Il y avait Guedira et le FDIC, maintenant il y a Elhimma et le PAM. Le
gouvernement est constitué du roi et de ses conseillers, l’autre ne fait que
figurer. Allons droit au but, qu’il y ait le PJD ou la gauche au gouvernement
cela n’y change rien. Personne n’ose dire non au roi. Ce n’est pas le chef des
islamistes et fervent défenseur de la commanderie des croyants qui dira non à
Amir Almouminine. Le jeu de pouvoirs est biaisé, le gouvernement sert de
bouclier, de pantins qui attirent l’attention des marocains au-delà de la vraie
source du pouvoir.
Cette situation a deux issues :
accepter cette manipulation, cette soumission et ce tutorat de la part de la
monarchie exécutive, continuer à jouer aux faux démocrates et à croire à
l’exception marocaine. Ou continuer à investir la rue pour imposer une vraie
constitution délimitant le pouvoir de chaque partie et instaurant une monarchie
parlementaire. Je choisis la deuxième, et vous ?