dimanche 30 janvier 2011

Le temps des réformes

Sous le règne de Mohamed VI, nul ne peut nier que maints domaines ont connu une nette amélioration par rapport à l’époque Hassan II. L’aspect social a su d’ailleurs se détacher du lot, surtout avec l’INDH : l’exemple fulgurant que le Maroc est devenu un immense chantier envié par ses voisins du Maghreb, pour ne citer qu’eux.

Cependant, notre ère peut largement être plus que l’ère du développement social et dépasser aisément cette restriction, elle peut devenir une nouvelle page de l’Histoire d’un Maroc moderne. Un Maroc où démocratie, équité et égalité seront les mots d’ordre et les valeurs enracinées chez tous les citoyens.

Mais malheureusement, plusieurs obstructions féroces continuent de priver notre patrie de prendre son plein essor.

Le pouvoir au Maroc souffre encore d’une centralisation massive qui ne veut guère s’estomper. Et ceci malgré plusieurs tentatives de la scène politique d’instaurer une régionalisation qui soit digne de ce nom. Le monopole du pouvoir accordé à certaines figures proches du palais, empêche l’établissement d’une base démocratique reflétant les aspirations de tous les marocains : les conseillers du roi, son chef de cabinet Mounir El Majidi et son ami favori El Himma sont les figures de proues qui dessinent de facto les traits de la politique marocaine. Ceci fait, les partis politiques se sentent tels des marionnettes entre les mains d’une dizaine d’individus détenant le pouvoir. Ce qui restreint le rôle de ces instances politiques à des façades inutiles et impuissantes servant à jouer une comédie marocaine appelée démocratie.

Dans une vraie démocratie, auriez-vous vu un parti gagner des élections après quelques mois de sa formation ? Auriez-vous vu des députés opportunistes et sournois qui s’acharnent à y adhérer pour assouvir leur avidité ?

En défendant implicitement ce genre de manœuvres –parmi d’autres plus graves encore-, la monarchie ne peut que nuire à son image.

La moindre maladresse commise ainsi par ces proches du palais (et ils en commettent, car l’erreur est humaine) entachera l’honnêteté du palais et son dévouement inexorable au développement du pays. Un exemple (parmi d’autres) assez récent est celui des documents de Wikileaks, où un certain document censuré au Maroc divulguait que « les décisions concernant les investissements majeurs sont en réalité prises par trois individus Mounir El Majidi, El Himma et le Roi lui-même ». Ce genre de divulgations accompagné de restrictions majeures sur les libertés d’expression lèse d’une façon ou d’une autre la monarchie.

Les institutions démocratiques sont quasiment toutes là, mais elles souffrent d’un dysfonctionnement majeur ne leur permettant guère d’accomplir leur rôle : c’est qu’elles ne détiennent pas le vrai pouvoir.

Les députés bicaméraux et les ministres font foison, mais sans avoir pour autant un réel poids sur la décision politique. Le contrôle établi sur les médias et la justice ne fait que servir diaboliquement cette machine en défigurant à la vitesse de la lumière tout opposant ou militant ayant une voix qui diffère de l’opinion sacrée de la haute sphère détenant le pouvoir, le vrai pouvoir.

Ce jeu de pouvoir ne passe pas inaperçu chez les citoyens, qui s’obstinent d’ailleurs à voter sachant d’avance que le député n’apportera quasiment aucun changement à la situation (rappelez-vous du taux de participation atteignant difficilement 37% proclamé par les autorités lors des dernières législatives). Cet élu ne cherchera qu’à s’enrichir et à accéder à l’édifice du parlement en soudoyant les âmes corrompues, devenant ainsi le rouage rouillé d’un dispositif politique désuet.

La solution à cette crise politique se trouve dans la constitution marocaine. Cette dernière qui n’a guère subi de vraies réformes depuis son adoption mitigée. C’est en adoptant une constitution allouant un vrai pouvoir aux institutions politiques, garantissant l’établissement d’un système démocratique honnête et reflétant la volonté du peuple que le marocain renouera ses liens avec la politique, avec laquelle il a divorcé depuis des années.

La séparation des pouvoirs et leur répartition adéquate entre le palais et les institutions de gouvernance sera le garant de la continuité du développement social connu par le pays. Car quoi qu’on dise, ce dit développement ne pourra continuer sans être accompagné en parallèle avec des réformes novatrices qui sont devenues de plus en plus une nécessité ces derniers temps.

Cette dite séparation permettra au peuple d’être le juge de ses députés et de son gouvernement. Ce qui assurera certainement au palais un attachement inconditionnel à son peuple qui ne se posera plus de doutes sur les mesures entreprises par ce dernier.

Certes le taux d’analphabétisme bat encore des records avec ses 40%, le taux d’insouciance politique atteint encore plus, mais cela n’est pas une excuse pour sombrer dans l’autoritarisme ou dans le concept du despotisme éclairé.

N’y a-t-il pas dans chaque région du Maroc des honnêtes hommes et femmes voulant servir leur pays ? Rares sont-ils certes, mais je suis sur et certain qu’ils sont là et qu’ils luttent pour le bien de cette patrie tant aimée. Les mères marocaines n’enfantent pas que fourbes …

On a marre de la corruption, du système éducatif pourri, du clientélisme et de l’oppression des libertés. Même le plus analphabète de nous se sent trahi lorsqu’il se voit exiger un petit pot de vin aux administrations publiques, quand il sait que Fodail Aberkane est mort dans un commissariat il y a quelques semaines sous la torture, quand il voit Chakib El Khayari incarcéré pour avoir dénoncé les ripoux, et les exemples, ce n’est malheureusement pas ce qui manque.

C’est en revisitant la constitution, en combattant le laxisme politique et en dénonçant les corrompus que le Maroc entamera une nouvelle page de son histoire guidée par son roi bien aimé, symbole de l’unité de la nation. Ce qui permettra à la patrie de relever tous les défis et devenir l’une des plus belles démocraties en Afrique et au monde arabe, car pour ne pas se mentir, une démocratie, le Maroc n’en est pas une !

lundi 17 janvier 2011

L'amertume d'un marocain

Mouvementés étaient les précédentes journées pour nos frères tunisiens : une révolte de tout un peuple qui a fini par faire vaciller le trône du despote Ben Ali après un joug de 23 années d'oppression et de censure où certes le pays reflétait l'image de la meilleure croissance économique de la région, mais où les droits d'expression et de pratiques religieuses étaient en constante régression.
Je vous épargnerai les détails de la révolte de Sidi Bouzid tellement on a appris ses détails ces derniers jours.
Il a suffit qu'un jeune désespéré s'immole par le feu pour que ses compatriotes sortent en masse réclamer la liberté dont ils ont été privés pendant deux longues décennies ...
Six mois auparavant, des chômeurs ont eu recours au même acte d'Elbouazizi devant l'édifice du parlement ... mais en vain : ils étaient au Maroc ... au Maroc où la façade du parlement est devenue un endroit touristique où vous rencontrez quasiment tous les jours des sit-in et des pancartes levées aux quelles on n'accorde plus aucune importance.
Les marocains se sont révoltés maintes fois : Sidi Ifni, Sefrou, ElHoceima, Casablanca ... pendant des périodes différentes ces villes ont connu une désobéissance civile qui a été opprimée par le Makhzen. Mais cela n'a pas eu d'envergure sur l'échelle nationale.
Pourquoi donc le Maroc n'a-t-il pas eu la chance de la Tunisie ou plutôt son courage à toute épreuve ?
Parce qu'au Maroc d'aujourd'hui, la flamme du patriotisme a longtemps quitté le cœur de moult citoyens qui ne se reconnaissent plus à la patrie ... Tandis qu'en Tunisie le peuple s'est uni autour de la patrie sans aucune référence idéologique ou religieuse avec une spontanéité et un courage miraculeux.
Parce qu'au Maroc d'aujourd'hui, dès que vous commencez à dire la vérité unanimement connue par tous, on vous dit taisez-vous "rah ghadi icheddouk, rah ghadi iteyyrouk " ... on ne reconnait même plus ses propres droits grâce aux bienfaits de l'ignorance que l'on apprécie tant ...
Parce qu'au Maroc d'aujourd'hui, le pain, l'huile et le thé sont plus importants que la liberté, les droits de l'Homme, l'égalité, la justice et l'équité ...
Parce qu'au Maroc d'aujourd'hui, des slogans tel "7mar et bikhir" sont devenus l'effigie de toute une génération ...
Parce qu'au Maroc d'aujourd'hui, on s'est tellement habitué à langue de bois nous disant que cette époque est largement mieux que celle qui la précédait. Certes c'est vrai sur une multitude de points, n'empêche que si les jeunes de ces jours passés avaient adopté le même discours et le même laxisme on ne serait pas ce qu'on est aujourd'hui ... Les choses peuvent être largement mieux que ce qu'elles sont aujourd'hui ...
Parce qu'au Maroc d'aujourd'hui, corruption et clientélisme sont devenues des concepts que l'on admire et que l'on recherche plus à éliminer ...
Parce qu'au Maroc d'aujourd'hui, il y a plus d'analphabètes que d'instruits, et même ceux qui prétendent être éduqués ne savent faire la différence entre une démocratie et une pièce théâtrale où l'on se moque d'eux ...
Parce qu'au Maroc d'aujourd'hui, on a une constitution désuète de cinquante ans qui puise dans les fondements du féodalisme et de l'oligarchie médiévale peinte avec les couleurs de la modernité à deux sous et adulée par des millions d'aveugles ...
Parce qu'au Maroc d'aujourd'hui, ...
Parce qu'au Maroc d'aujourd'hui ,...
Parce qu'au Maroc d'aujourd'hui, ...
Excusez-moi, camarades tunisiens de vous envier de nous avoir donné une des plus belles leçons de nos vies.
Que votre futur soit illuminé par la lueur d'Elbouazizi et guidé par les âmes des héros qui ont donné leurs âmes à leur patrie.
Quant à nous, que la peur quitte nos cœurs, l'ignorance nos cerveaux et la négligence nos âmes ...

Paru sur : http://www.lakome.com/index.php/politics/78-news/a-vous-la-parole/121-auteurs/1557-lamertume-dun-marocain.html

Politique, ça se mange ?

A ce qu'il parait ce mot fait peur à certains, dégoute d'autres, mais surtout laisse indifférents plusieurs.

Tu verras deux jeunes s'acharner sur un match du Barça et te citer toute l'histoire du foot, mais dès que tu leur demandes le nom d'un ministre ou d'un dirigeant politique, ils resteront bouche bée. Qu'il est beau de regarder un match de foot surtout quand il s'agit d'un bon spectacle, mais qu'il est mauvais de ne rêver que du ballon jour et nuit et se laisser frapper par des manipulateurs qui jonglent avec nos esprits avec un talent inouï ...

Comment peut-on attendre le changement d'une société d'un jeune qui passe sa journée à regarder des séries débiles qui ne finissent jamais, d'un autre enfoui dans ses bouquins de sciences jusqu'à devenir plus myope qu'une taupe, d'un troisième qui passe ses heures à rouler des joints et à visiter le septième ciel ou d'un dernier qui ne rêve que d'imiter le chanteur de rap le plus en vogue ...

Rien n'empêche d'avoir des loisirs plus diversifiés les uns que les autres, mais rien ne justifie qu'on se trimballe le crane vide et qu'on se laisse aller indéfiniment avec un beau sourire stupide au visage.

Avant qu'il y ait abstention de politique, il y a abstention de patriotisme, de conscience et d'engagement ... tout cela couvert par une couche de peur injustifiée.

Le laxisme a atteint son paroxysme, il est devenu plus banal que la banalité de payer un pot de vin au policier du coin ou au responsable de l'administration pour détenir un papier.

L'erroné et l'insensé est devenu norme de nos jours à un tel point qu'on n'en a guère la conscience, et du coup, on ne peut même pas penser à le changer !

Espérons qu'un miracle se produise et bouleverse ses mauvaises habitudes qui se sont trop enracinées dans notre Maroc ...

L'illusion du nouveau Maroc

Ceci est une réponse adressée à un certain camarade de l"institut assez optimiste envers la situation :

Par cette douce nuit et une belle insomnie qui nous tient tous les deux, tu viens de lancer une des plus belles discussions qu'on puisse avoir, je devrais te remercier pour cela, moi qui cherchais en vain des intéressés au sein de l'institut !

Bien, j'essaierai de rétorquer différemment en suivant d'une certaine façon tes arguments.

A mon humble avis, on est loin au Maroc de la philosophie Gandhiste et de ses fondements sur la désobéissance sociale. Ce qui règne plutôt, c'est un certain désintérêt complet, flagrant et dangereux : le citoyen lambda tout comme l'élite n'accordent guère -dans la majorité des cas- de l'importance au climat médiatique et politique du pays, ce que je trouve être une des plus grandes calamités de notre société dans ces temps-ci.

Les syndicats, les partis et les instances politiques sont quasiment corrompues et aisément manipulées par les teneurs du pouvoir, enfin du vrai pouvoir ...

Du jour au lendemain on entend que des rixes ont éclaté entre ces deux partis, parce que celui-ci n'a pas valorisé le travail de l'état, ou parce que tel porte parole a fait des insinuations douteuses ...etc. Enfin le genre de discussions futiles et qui ne mènent à rien, créé pour mouvementer a scène politique et y créer de "l'action", ni plus ni moins.

Les vrais problèmes sont écartés de l'équation, qu'en est-il de l'analphabétisme, du chômage, de la pauvreté, des écarts sociaux frappants entre les citoyens...

Je ne nie guère que le Maroc a connu un certain développement surtout avec l'accord de l'importance à nos infrastructures. N'empêche qu'on n'a fait les choses qu'à moitié : La capitale économique du pays a-t-elle besoin d'un Morocco Mall ou de bons égouts pour desservir les eaux usées ( les dernières intempéries en disent tout)... a-t-on besoin d'un TGV, sachant que le sud du Maroc attend que les rails du train y soient installés depuis 1975 selon les dires du précédent roi ... moult exemples comme ceux-là existent un peu partout au Maroc. Bref, on vise le superflu, on s'endette pour le réaliser, on le paie avec la peau des fesses, pour qu'une infime minorité puisse s'en servir et surtout pour donner l'image d'un Maroc qui peut rivaliser avec les états de l'UE.

L'autre point noir de ce nouveau Maroc, c'est la liberté d'expression, qui n'a pas eu la même chance que les infrastructures.

Elle est en constant recul, des embargos économiques des plus sournois sont établis sur les journaux qui différent de l'opinion du Makhzen : "Le Journal", "Aljarida Aloula"et "Nichane" figurent parmi les victimes de cet empressement médiatique entamé par la puissante machine du Makhzen qui fait son travail d'une des plus excellentes manières. Certes je ne serai pas d'accord avec tout ce qui était dit dans ces journaux condamnés, mais la liberté d'expression exige qu'on laisse s'exprimer toutes les opinions sur pied d'égalité.

Venons-en à l'opposition, la vraie opposition qui existe au Maroc est "aladl wa alihsane" et "nnahj dimocrati". L'une à fondements islamistes, l'autre à idéologie marxiste. Toutes les deux sont désuètes, irréalistes et ne conviendront jamais à la société marocaine à mon humble avis. Les autres partis qui se déclaraient dans l'opposition ont depuis longtemps perdu leur ferveur et leur engagement. Leurs chefs se sont enrichis et se sont tus, le passé du porte-parole du gouvernement marocain et du maire de Rabat en illustre un bon exemple !

Certes à voir mon mur, les infos que je publie reflètent un caractère rebelle et insatisfait, je ne le nie guère. Mais j'essaie de rechercher l'information brute et d'en juger moi-même selon mes modestes opinions, ce que je peux faire pour l'instant c'est afficher mon mécontentement envers ce qui ne me plait pas dans mon pays. Je suis sur qu'on a le même amour pour notre patrie, mais chacun l'exprime à sa façon ! Qui aime bien châtie bien comme disait le vieil adage.

On est largement meilleurs d'une bonne partie des pays de l'Afrique, mais j'espère que tu excuseras mon avidité à ce que le Maroc devienne le meilleur -est de loin- du continent et des pays arabes.

Je ne peux pas être seulement satisfait, je veux être heureux et fier de mon pays et de mes compatriotes. Et ma façon de faire c'est de dire voilà ce que me dérange au sein de notre pays. C'est un certain optimisme -voire utopie- enveloppé d'un zeste de réalisme plus que du pessimisme.

Je n'incite pas à la révolution et au vandalisme pour qu'on se fasse écouter. Cette voie ne mènera à rien. Mon problème majeur c'est le désintérêt des citoyens. Je t'offre un exemple : Le jeune qui s'est immolé à Sidi Bouzid en Tunisie a déclenché tout un ahurissement au pays, tandis que quelques mois auparavant, des jeunes cadres chômeurs ont fait la même chose devant la porte du parlement, et quelle était la réaction ? on se foutait d'eux, on disait qu'ils avaient perdu la boule et qu'ils n'étaient plus satisfaits de la situation. "kanou i7emdou llah wiguelsou"... Je te laisse juger de la réaction la plus rationnelle ...