vendredi 29 juillet 2011

De votre fidèle serviteur



     Le jour tant attendu est enfin arrivé. J’ai dû patienter toute une année et faire le compte des jours sur mon calendrier à l’affût de cette mémorable occasion, la fameuse fête du Trône. 

     Cette consécration majestueuse que votre peuple attend impatiemment chaque année aura enfin lieu. Moi-même humble serviteur de votre trône et de votre sainte famille, je m’apprête –avec une immense allégresse- à renouer les liens d’allégeance avec votre sainteté. Et ce, contrairement à un certain renégat dénommé Ahmed Benseddik, qui n’a guère su apprécier votre silence envers ce qu’il considère comme une injustice commise à son égard.

    Cet individu a commis un blasphème envers votre commanderie, oh grand commandeur des croyants. Comment ose-t-il vous qualifier d’injuste, vous qui définissez même ce qu’est la justice et l’équité ? Il n’a guère su apprécier les qualités d’ElHimma et Majidi, vos fidèles serviteurs que je prends pour modèle dans le dévouement, l’altruisme et le patriotisme.

    N’a-t-il pas entendu les propos d’un certain député du PJD qui confirmait avec un enthousiasme éberluant, que des hordes et des cohortes venaient de toutes les contrées afin de prêter allégeance à votre altesse ? Les plus malheureux d’entre eux qui n’arrivant guère à atteindre leur dessein se jettent désespérément dans des barques afin d’être engloutis par les poissons de la Méditerranée. 

    Ce païen de Benseddik, n’a-t-il pas visionné une vidéo de vos aïeuls où les fidèles marocains se courbaient  devant les grandeurs de votre grand-père ? 

    Un des rites les plus anciens de notre nation et que vous perpétrez avec la même exactitude éblouissante à l’ère de la technologie et du nucléaire.  J’envie les heureux qui ont le privilège de se prosterner devant votre majesté et d’exhiber les performances de leurs colonnes vertébrales dans une parfaite synchronisation digne des plus grands acrobates. Ces exploits font que votre personne soit enviée par les leaders des pays du monde entier qui restent ébahis devant ce tableau.

    Je reste abasourdi encore une fois devant la magnificence des rues et boulevards ornés de vos portraits et de tonnes de drapeaux … un festival de couleurs concrétisant encore une fois le dévouement du peuple à la servitude de son commandant suprême. Vos sujets n’hésiteront guère à parcourir les rues et de crier votre nom jusqu’à ce que leurs larynx  ne puissent vociférer d’éloge à votre saint égard.

    Ne parlons guère de ces ignobles membres de la secte du 20 février, secte ayant recours à la sorcellerie et à la magie noire avec les recettes de démocratie, de séparation de pouvoirs et de monarchie parlementaire … des mots bannis de tous les saints esprits. Et pour consacrer leur véhémence tordue, ils se sont obstinés à appliquer la fatwa de votre dévoué Zemzami qui interdisait de protester après votre grandiose discours historique dont les mots doivent être tracés avec des lettres d’or sur des papyrus et conservés dans le panthéon de l’Histoire.

   Sachez que je serai présent à ce rendez-vous annuel avec mon extrême attention et à l’affût de notre chaine nationale. Et ce, pour apprendre par cœur les vers de louange cités par Mustapha El Alaoui, si exaltants et si précieux … ces vers faisant partie intégrante de notre patrimoine national.

Que Dieu assiste ce peuple et qu’il protège ce Maroc de vous et de vos conseillers.

mercredi 13 juillet 2011

Les baltagias de la constitution


  Le Maroc aura été et sera toujours une exception. Un moment aussi important que le référendum et la campagne constitutionnelle ne pouvait guère s'en détacher, au contraire, il était une opportunité exquise pour illustrer les spécificités de notre pays.

Le projet de constitution étant achevé, le roi a adressé un discours à la nation où il avait appelé à voter "oui" pour garantir un brillant futur pour la démocratie au Maroc et consacrer l’exception marocaine encore une fois. Un appel royal - au sens propre et figuré- a été lancé pour consolider les liens d'allégeance entre la nation et le commandeur des croyants : de la langue de bois à flots et une infraction royale débutant la campagne référendaire avant son lancement officiel. 

La semaine qui s'en suivra sera exceptionnelle : Les boycotteurs crieront haut et fort le boycott ... Pour les faire taire, on usera de tous les moyens. Cependant, on aura droit à une nouveauté cette fois-ci, nouveauté appelée baltagia !

Un carnaval parcourra dorénavant les rues et avenues des cités marocaines où l'on a soudoyé quelques composante des démunis et autres corrompus afin de crier haut et fort : oui, oui et oui ! Des enfants et des vieillards ont été ignoblement utilisés pour parcourir les rues et illustrer la propagande constitutionnelle, des associations ont mobilisé leurs membres en contrepartie d'un don du makhzen pour louer la nouvelle constitution et même des subsahariens ont été filmés en train de vociférer "Vive Mohamed 6", on aurait cru qu'on était en Lybie s'ils ne portaient pas le drapeau marocain …

Après l'adoption de la nouvelle constitution à travers un référendum affichant le taux miraculeux de 73% et quelques poussières, on a revécu le même scénario : ces baltagias sont payés par des conseillers locaux afin de contrer le mouvement contestataire du 20 février. ON constate immédiatement qu’ils n'ont aucun niveau d'éducation ni de civisme comparés aux militants du mouvement, et les vidéos qui circulent sur la toile en sont la meilleure preuve.

Délaissons la description et voyons un peu les choses d'un autre regard. 

En ayant recours au baltagi, la monarchie serait descendue sur le terrain et devenue partie prenante dans l'arène. Cependant, on constate clairement que les portraits du roi ne sont portés que par des jeunes dupés venant de quartiers défavorisés, par des enfants embobinés dans les manifestations propagandistes ou par des femmes analphabètes, si ce n'est par de férus vagabonds à torse-nu.


Est-ce que ceux là sont les uniques défenseurs de la monarchie ? Si la monarchie avait un écrasant support populaire, pourquoi voit-on des manifestations montées et sponsorisées par le makhzen pour crier le nom du roi ? Pourquoi les médias officiels continuent d'échafauder leurs mensonges et ne veulent transmettre la réalité au peuple marocain ?

Le paroxysme de l'ironie a été atteint lorsqu'on a imposé aux Imams dans les mosquées un discours unifié durant la prière sacrée du vendredi. Discours qui ne prônait pas seulement que voter est un devoir religieux, mais qu'on devait voter oui pour ne pas devenir un renégat de la commanderie des croyants et pour éviter la colère divine ! Et encore, la confrérie des boutchichis, confrérie comportant des milliers d'adeptes a été mobilisée pour sortir dans les rues et crier oui pour la constitution.

Si cette constitution apportait vraiment un réel changement et posait les bases d’un Maroc démocratique, si elle n'était pas une arnaque constitutionnelle, aura-t-on usé de tels moyens si immondes et si fourbes pour sa campagne ? J'en doute fort ...