Les
péripéties des tractations gouvernementales vont bientôt s’achever. Benkirane
évincé, son successeur a pris moins de deux semaines pour s’afficher avec les
ténors de sa future majorité. C’est ainsi qu’Akhannouch aura finalement triomphé
et formé son gouvernement avec un leader du PJD en guise de pantin. Du haut de
son pupitre, et après
avoir été honoré par la nomination royale selon ses propres dires, El Othmani annonçait sa réussite à constituer une majorité . Mais grâce
au sourire narquois du chef du RNI qui gisait derrière lui, on pouvait
facilement reconnaître l’enjeu de la situation : L’humiliation suprême du
PJD et rappeler à ce parti que ce n’est pas les urnes qui comptent, mais c'est la volonté du makhzen qui triomphe.
On s’attendait à ce que le PJD se
résigne, mais pas à cette vitesse ahurissante. Le limogeage de Benkirane est
passé quasiment sous silence et en moins de quarante-huit heures on commençait d'ores
et déjà à chanter les vertus d’El Othmani. Celui même qu’on a chassé des
affaires étrangères quelques mois auparavant. Un certain communiqué du PJD
affirmait ensuite que les prochaines négociations continueraient sous les mêmes
conditions que celles fixées par Benkirane. Rien de cela n’a vu le jour. En dix
jours à peine a-t-on résolu ce qui a duré cinq mois et le fameux USFP fut
intégré à la majorité. C’est l’effet des hautes instructions royales dira-t-on …
Rien qu’à voir
comment il s’est constitué, on saura que le prochain gouvernement sera
difforme, immonde et inefficace. Son supposé chef est dépassé, on ne l’entend
guère et il digère concession après concession. Ses futures directives risquent de
n’avoir aucune crédibilité … Ne citons même pas les fameux ministères régaliens
où l’on verra des technocrates ou la garde rapprochée du makhzen … Bref, on
gagnera des ministres en carton dont les comptes en banque fleuriront. Ils seront
là pour applaudir les inaugurations du monarque et serviront à alimenter les
le contenu des réseaux sociaux. Tout cela aux frais du contribuable et au détriment de tout un
pays.
On répétera
que le Maroc est havre de stabilité et de paix grâce à la cohabitation de la
monarchie et des islamistes, on chantera notre attractivité pour les capitaux
et les investissements et on continuera de louer nos beaux palmiers et nos
merveilleuses plages sur flyers et spots touristiques. Mais le diable est dans les détails. Suffit-il de fouiller un peu et on s’apercevra de l’atroce
réalité : Le seul parti vainqueur de ces élections est celui qui gagne
toujours depuis l’indépendance. C’est la monarchie. Que cela passe par des émissaires du sérail qui créent des partis à la vitesse de la lumière,
par l’ingérence dans le processus électoral ou par la balkanisation des partis, la
monarchie a toujours régné et gouverné. Les têtes du makhzen verront leurs
fortunes doubler et le peuple encaissera les résultats du chômage et de l’économie
stagnante.
À y voir de
plus près, depuis soixante ans on ne fait que répéter un cycle. Un parti émerge,
se construit une crédibilité, gagne les élections, accepte toutes les
concessions, digère toutes les humiliations, perd la face et puis en vient un autre. Ce dont
on a besoin ce n’est pas de béni-oui-oui au nom de l’intérêt de la nation, mais
de politiciens capables de dire non. Non, je refuse l’humiliation. Non, je ne suis
pas un pantin et j’ai un programme que j’ai promis à mes électeurs. Non, j’ai
une dignité. Est-ce trop demander dans le Maroc de 2017 ?