Pour la première fois à
ma connaissance, un chef du gouvernement fait appel aux chaînes publiques et au
direct pour s’expliquer sur sa politique et les décisions prises par son
gouvernement. Le catalyseur de cette initiative étant la récente hausse des prix du carburant.
Il
faudrait avouer que c’est une initiative à louer : Que l’on soit partisan
ou non du gouvernement et de ses décisions, on a attendu le rendez-vous avec
impatience. Cela a revigoré l’intérêt du marocain à la chose politique. On recommence
à discuter, à critiquer, à argumenter et à suivre les réactions du gouvernement
et de l’opposition. Tant mieux, l’intérêt pour la politique a toujours été l’un
des préceptes du civisme.
Venons-en
au contenu. Un blâme est à adresser en premier lieu aux journalistes. Leur
prestation était fade et ils ont été facilement dépassés par Benkirane. Les
questions posées étaient rares, sans pertinence et annoncées avec une telle lassitude
… À un certain moment, on commençait même à complimenter et à cajoler le chef
du gouvernement ! C’était une tirade et non une émission politique.
Comme à
l’accoutumée, on a retrouvé Benkirane avec son style incontestable. Après une
vulgarisation de la caisse de la compensation et de ses mécanismes, le chef du
gouvernement s’est mis dans une scène mythique à annoncer les prix des bananes,
tomates et autres légumes au sein d’une région du pays. Cela sera suivi de quelques
coups par-ci et par-là pour les journalistes et des spéculations sur l’avenir
politique du Maroc. En résumé son discours est un mélange subtil de populisme, d’arguments
crus et de cavalcades en dialecte marocain. Une fonte dont le résultat dépend
de l’objectif auquel elle reste déployée …
Le
contenu, c’est là où le bât blesse. Benkirane s’est mis encore une fois à chanter
la chanson de l’exception marocaine, de printemps arabe avec la nouvelle
constitution et de secours de la nation par le souverain. Le discours reflète
une confiance « aveugle » dans la monarchie et sa volonté présumée de
réforme. Attitude que l’Histoire du Maroc a montré erronée à toutes les occasions.
Le deuxième point est un manque sévère de vision à long et à moyen terme. On
est loin du discours politique basé sur des statistiques et des prévisions. Les
seules statistiques présentées sont celles établies après une telle ou telle étude
sur la situation actuelle. Aucun chiffre cité ne concerne une anticipation d’une
décision envisagée.
Il est
bon de compter sur la volonté divine, mais il est encore meilleur d’élaborer
des plans, d’avoir des programmes bien rodés et de posséder une vision claire
pour la durée de son mandat. Ce n’est pas seulement meilleur, c’est une
nécessité quand on est le chef du gouvernement. Autre reproche : dans sa
méthodologie, Benkirane ne s’attaque pas aux grands chantiers. Si l’on
recherche des fonds pour la caisse de l’état, il est nécessaire de récolter les
impôts et de réduire les dépenses de l’état. N’empêche que l’on oublie par cela
les grands rentiers, les fonctionnaires-fantômes, la taxe sur la richesse
délaissée … Durant ces temps de crise, parait-il normal à l’honorable chef du
gouvernement que le budget alloué au palais et à son protocole reste si énorme
que cela ? Parait-il normal à l’honorable chef du gouvernement que des
hauts fonctionnaires puissent encore toucher des primes exorbitantes au
détriment du contribuable marocain ?
Le
discours des poches de résistances et de la progression dans le réformisme
commence à s’épuiser. Si l’on doit mener une réforme, cette dernière devrait
être globale et s’attaquer au fond et à la source du problème que sont les
prérogatives de la monarchie, l’étendue du pouvoir du gouvernement et les bonne
gens du makhzen. Rester à justifier des décisions prises au détriment des
citoyens ne fera que perdre la crédibilité au PJD et le tournera en une risée
devant le peuple. Le discours de Benkirane pourrait être utile, pourrait lui
servir pour l’instant, pourrait avoir un effet soporifique et divertissant pour
le marocain. Mais durant ce temps-là, n’oublions pas que nous aurons raté le
printemps arabe et l’occasion de déclencher des réformes bien plus audacieuses
qu’une réforme biaisée de la caisse de compensation.
Bravo cher Mehdi,Tout ceci est vrai!
RépondreSupprimerMais comme disent nos amis d'outre Atlantique
" So What ? "
Le constat et l'analyse de la situation marocaine
sont évidement connus. Ce qui manque cruellement c'est le courage politique;dont encore une fois comme avant.
On attends, On attends.
Merci Mr.Mehdi , mais je suis désolé Rush c'est le moment d'agir c'est notre occasion de rendre les gens conscients de ses droits et ses obligations c'est le moment de dire "NON" à la corruption de l'institue royale à l"mqqadam" Gardant toujours l'espoir ....
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