L’un des exercices les plus ardus à pratiquer dans le plus beau pays du monde est d’analyser et de décortiquer la scène publique en étant muni du bistouri de la raison et de la logique. Mener cette tâche à bon escient peut vous doter d’une migraine, une pratique quotidienne de cet exercice est le droit chemin à l'asile psychiatrique.
En Jordanie,
on a revu les prix des carburants à la hausse, le peuple a répondu avec un soulèvement
où les portraits du roi Abdallah II ont été vandalisés. Au Soudan, des victimes
sont tombées sous la répression du sanguinaire Omar El-Bechir suite à la même
décision. Quant au Maroc et grâce à son exception réputée, une seule
augmentation n’a pas suffi. Du coup, on a récidivé, dans la joie et la bonne
humeur. Lors de la première augmentation, un pantin est sorti calmer les
ouistitis que nous sommes en affirmant qu’il veillera à ce que le prix des
bananes n’augmentera guère. La deuxième fois, le pantin n’a même pas daigné s’adresser
aux ouistitis. Sublime.
Notre pays est
sans gouvernement depuis plusieurs mois. Énième preuve que ce dernier n’est qu’un
pare-chocs sans surplus. « Une croissance à 7% », « une lutte
acharnée contre le despotisme et la corruption », « une bonne
gouvernance et de la transparence » … C’étaient les slogans du PJD lors de
sa campagne. Maintenant Benkirane invite les marocains à remercier Dieu « car
ils ont de l’électricité et en prime, sans coupure …». Pauvre tyrannie
terrassée … Chabat prend les rênes de l’Istiqlal et invite les ânes aux
manifestations « politiques » au boulevard le plus important de la
capitale. Mezouar, avec ses primes qu’on ne présente plus, s’apprête à
reprendre les finances du pays. Cerise sur le gâteau : le pauvre PJD « Dénonce,
fustige et crie » à l’égard des « pratiques douteuses » ayant conduit
à la perte de son siège à Moulay Yaacoub. Ah oui, c’est vous qui allez éradiquer
le despotisme ? Riez ou pleurez, vous avez au moins le choix.
Et afin de
veiller à l’exception marocaine, il fallait emprisonner le plus dangereux
terroriste du pays : Anouzla. Et oui, avec sa plume il menait constamment des attentats nuisant à la sérénité des marocains. Les sujets de
sa majesté qui offrent leurs âmes et corps au commandeur des croyants veulent
que le budget royal soit de 15 fois celui de son confrère espagnol et adorent
qu’on gracie les pédophiles ayant abusé de leur progéniture. Qu’en savent les
mille et une organisations internationales qui ont fustigé cette arrestation ?
Qu’en sait le Washington Post à l’exception marocaine ? Qu’en savez-vous
bande de nihilistes ? Soulignons ici la prestation ubuesque d’un présumé
porte-parole du gouvernement pour défendre cette arrestation. C’est une
excellente manifestation de l’incompétence et de la bassesse d’un ministre qui
s’est converti au rôle du « Berrah » du régime, faute de pouvoir
exercer ses fonctions dans un ministère qu’on bannit dans les pays démocrates.
Ah oui, n’oublions
pas les baisers. Nous avons mis en taule, les voyous, les tueurs les pédophiles
(pardon, ceux-là on les gracie) et les corrompus. Vint le tour des adolescents
du baiser. Entre temps allons raconter aux
citoyens d’Imider et d’Anefgou comment on a inventé « le militantisme des
baisers » et comment on a créé le front national à la défense des lèvres
insoumises pour contrecarrer les « atteintes féroces » aux libertés
individuelles. Quand on aura fini, rendons une visite à Anouzla et
présentons-lui nos fulgurants accomplissements … à la défense du baiser.
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